Courage ou stratégie : la véritable question après le drame d’Elyas

Elyas, 14 ans, a été poignardé pour avoir refusé de donner son téléphone. Un fait divers qui choque, mais qui révèle surtout une réalité brutale : la violence ne suit aucune règle morale.
Dans les médias, la réaction de Sarah Knafo a fait polémique :
« Si quelqu’un vient pour te racketter, tu donnes tout ce que tu as parce qu’il peut avoir un couteau. On va donc enseigner à nos enfants que la valeur première n’est pas le courage, mais la lâcheté. »
Mais cette déclaration repose sur une vision biaisée du courage. Et c’est précisément ce qui mérite d’être clarifié.
L’intelligence tactique n’est pas de la lâcheté
Abandonner ses biens face à un agresseur armé n’est ni un aveu de faiblesse ni une soumission. C’est une décision stratégique.
Regardons comment les professionnels de la sécurité opèrent. Les forces d’élite ne foncent jamais tête baissée dans un combat perdu d’avance. Lorsqu’elles sont en infériorité numérique, elles se replient, évaluent, et attendent le bon moment pour agir.
Pourquoi ? Parce que survivre prime toujours sur l’ego.
Face à un agresseur qui veut seulement un objet, il est irrationnel de risquer sa vie pour une question de principe. C’est là que la self-défense devient bien plus qu’un simple ensemble de techniques physiques : c’est une philosophie de gestion du danger.
Le vrai courage : dominer son ego
Qu’est-ce qui est réellement courageux ?
- Se battre pour son ego au risque de finir poignardé ?
- Faire preuve de maîtrise et de discernement pour maximiser ses chances de survie ?
Un adolescent qui refuse une drogue sous la pression sociale fait preuve de courage, car il résiste à un instinct primaire : le besoin d’acceptation. De la même manière, maîtriser son ego face à un agresseur est un acte de force intérieure.
Le drame d’Elyas illustre un principe fondamental de la violence urbaine : les prédateurs n’opèrent pas selon nos valeurs, mais selon des rapports de force.
Comprendre la violence pour mieux s’en protéger
Face à un danger, la réponse n’est pas binaire. Il ne s’agit pas de choisir entre "se battre" ou "fuir", mais d’analyser la situation et d’agir intelligemment.
✅ Éviter les environnements à risque.
✅ Fuir dès que l’occasion se présente.
✅ Désamorcer verbalement lorsque c’est possible.
✅ Riposter physiquement seulement en dernier recours.
Mais attention : un agresseur qui veut un téléphone n’a rien à voir avec un individu qui veut faire du mal gratuitement. Savoir différencier les types d’agresseurs est la clé pour prendre la bonne décision.
La leçon tragique du cas Elyas
Les prédateurs ressources – ceux qui agressent pour un gain matériel – ne cherchent généralement pas à tuer. Leur objectif est d’obtenir un bien sans trop de résistance.
Dans ces cas-là, coopérer est souvent la meilleure stratégie. Elyas l’a payé de sa vie. Ses proches garderont l’image d’un garçon qui ne s’est pas laissé faire, mais ce qu’il aurait vraiment mérité, c’est d’être encore en vie.
Si ses parents avaient pu lui transmettre une leçon essentielle, ce serait celle-ci :
Ta vie a plus de valeur que n’importe quel objet.
Se préparer à tout
Toutefois, il existe des cas où, même après avoir cédé, l’agression continue. Certains agresseurs frappent ou tuent par plaisir, indépendamment de ce qu’on leur donne.
C’est pourquoi il est essentiel de savoir se défendre physiquement. Mais la self-défense ne commence pas avec des coups. Elle commence avec une compréhension profonde de la violence :
🔹 Comment identifier un danger avant qu’il ne devienne inévitable ?
🔹 Comment dissuader un agresseur sans escalade de violence ?
🔹 Que faire quand il ne reste plus aucune autre option ?
C’est cette vision globale qui différencie une approche opérationnelle d’une approche théorique de la self-défense.
Enseigner la bonne leçon à nos enfants
Au lieu de leur inculquer un faux courage basé sur l’ego, apprenons-leur le courage de survivre.
🔸 Le courage d’analyser la situation, pas de réagir instinctivement.
🔸 Le courage de mettre leur sécurité avant leur fierté.
🔸 Le courage de ne pas se laisser manipuler par leur propre ego.
Dans un monde où la violence est imprévisible, la meilleure arme est l’intelligence.